Les vertus de la position ‘dominante’ en coaching

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En partage, mon retour d’expérience…

De formation rogérienne, je me positionne rarement comme celui qui sait en coaching. A l’inverse, je questionne beaucoup en étant vigilante à suspendre mon jugement et à rester dans une « saine » curiosité : une curiosité qui témoigne de mon intérêt sincère pour ce que vit mon coaché et parfois de mon étonnement vis-à-vis du sens qu’il y donne. Le questionnement, quand il n’est pas orienté et laisse le temps au coaché de déplier sa pensée, invite ce dernier à porter un regard neuf sur ce qui s’apparente parfois à de fausses croyances ou des automatismes. Il constitue alors une formidable opportunité d’actualisation : l’occasion pour le coaché de remettre du neuf et du vivant dans sa relation à soi et aux autres.

En séance, certains coachés prennent d’emblée le lead et se montrent réticents à me laisser la main sur des aspects du coaching qui relèvent de ma responsabilité. Pour le dire autrement, mon job à moi est de m’assurer que les conditions soient réunies pour favoriser les changements utiles à l’atteinte des objectifs du coaching : faciliter les prises de conscience, quitter les automatismes, les « je ne peux pas m’empêcher de … » pour expérimenter de nouvelles façons de faire. Les coachés qui résistent « à se laisser faire » en séance, sont souvent les plus contrôlants, également ceux qui ont le plus besoin d’être rassurés sur le fait qu’en faisant moins ou autrement, cela va bien (et même mieux !) se passer. La confiance s’invite au cœur du travail de coaching : apprendre à faire confiance, accepter de se laisser impacter et en observer les effets, créer des alliances pour sortir du « sois fort » et oser s’appuyer sur d’autres personnes… J’aime être témoin de ce point d’inflexion : le moment où, arrivée au bout d’une manière de faire qui le laisse dans l’insatisfaction et la frustration, le coaché rend les armes. S’ensuivent du soulagement et de la gratitude à lâcher ce qui l’entrave dans son développement et ouvre la voie à plus de disponibilité et de sérénité pour oser faire autrement.

Dans ces occasions, mon corps s’impose comme un formidable allié pour observer ces va-et-vient entre position haute – position basse et opérer les ajustements nécessaires. Je suis attentive à tous mes (micro)mouvements : ces situations où je me redresse imperceptiblement, celles où je ralentis ma respiration, pose ma voix dans une économie de paroles, ou encore celles où, mes deux pieds bien à plat au sol, je m’incline légèrement vers mon coaché en soutenant son regard… Il ne s’agit pas d’entrer dans un rapport de force, mais bien de se faire exister comme un point d’appui solide face au coaché : lui offrir un repère s’il est perdu ; être un facteur de réassurance s’il doute, ou encore un objet de confrontation s’il est inconfortable et s’agace.

Car être interventionniste en coaching, n’exclut pas de rester ouvert à la confrontation et à la remise en question. Au contraire, dire les choses avec force permet d’offrir un point de départ au coaché qui doit toujours se sentir libre d’y adhérer ou pas. Seule la confiance est incontournable pour qu’à deux, coach et coaché s’accordent et qu’ensemble ils œuvrent au mieux des intérêts de ce dernier et du système dans lequel il évolue.

Le coaching est l’art de réinventer en permanence la relation afin de cocréer ce qui se vit à l’occasion de l’Autre…

Emmanuelle Weber – Co-fondatrice chez In Movere